Il paraîtrait...

- que le nom de Dashrath Manjhi m’était inconnu avant aujourd’hui. Il l’est peut-être aussi pour vous. Il y a des noms qu’on voit trop souvent en une des journaux et qu’on oublierait volontiers, mais celui de Dashrath Manjhi mérite le détour, un temps de notre cerveau disponible. Dashrath aimait sa femme, ce qui, on en conviendra, n’est pas particulièrement rare, même si chaque amour est magnifique. En 1967, elle se blesse et a besoin de soins médicaux urgents. Ils habitent un petit village, en Inde. Les collines rocheuses de Gehlour obligent les villageois à faire un immense détour pour pouvoir atteindre la ville d’Atri. Dashrath et son épouse ne réussissent pas à parcourir les 70 kilomètres à temps, et elle meurt de ses blessures. Poussé par un chagrin, une rage, son amour, Dashrath décide que pareil drame ne touchera plus personne. Il s’arme d’un marteau et d’un burin, et attaque la montagne. Il creusera, pendant 22 ans, pour dessiner un chemin de 110m de long sur 9m de large, chemin qui ramène désormais la distance entre son village et Atri de 55km à 15km. Les histoires extraordinaires nous sortent de l’ordinaire, et c’est extra.

- que vous ne connaissez peut-être pas Hedy Lamarr, ou que vous ne la situez plus. Ce nom vous dit peut-être quelque chose et vous ne la replacez plus. Comme son histoire gagne à être connue, rappelons-la, ou racontons-la. On pourrait se souvenir de Hedy comme une actrice mythique de l’âge d’or d’Hollywood, comme celle qui joua à 19 ans, en 1933, dans Extase, nue, ce qui est considérée comme la première scène de sexe de l’histoire du cinéma, mais il faut aussi se souvenir de Hedy Lamarr comme une inventrice éclairée. Elle déposa le brevet d’un système de codage des transmissions appelé Etalement de spectre, qu’elle proposa pour le radioguidage des torpilles américaines durant la Seconde Guerre mondiale. L’armée n’accepta pas la technique issue du cerveau d’une actrice hollywoodienne. Pourtant, quelques années plus tard, une poignée de scientifiques la redécouvrit, s’aperçut que le principe était brillant, et il servit de base aux systèmes GPS, au Wi-Fi, et aux communications téléphoniques sans fil. Comme quoi, l’absence d’habit ne fait pas la femme sous la comédienne. Les histoires extraordinaires nous sortent de l’ordinaire, et c’est extra.

- que monsieur Tsutomu Yamaguchi a vécu ce que personne d’autre n’a vécu. Ce n’est pas la contraction de l’initiale de son prénom avec son nom ni une idée de génie qui lui serait venue de créer une console pour simuler l’éducation d’un animal de compagnie virtuel appelé tamagotchi qui le rend si unique et lui aurait permis d’avoir une existence si singulière. Tsutomu a eu les tympans crevés, son corps a été partiellement brulé, il a survécu pendant 3 jours dans un abri de fortune, à Hiroshima, du 6 au 8 août 1945, alors qu’il y était venu pour affaires. 140 000 personnes sont mortes autour de lui. Homme sérieux, le lendemain, Tsutomu retourne travailler. Il est à son bureau, à Nagazaki, lorsque 70 000 personnes périssent autour de lui. L’indestructible Tsutomu a survécu à deux bombes atomiques. Il s’est éteint à 93 ans, en 2010, supposons-le, espérant être à jamais le seul homme à avoir établi cet étonnant record. Les histoires extraordinaires nous sortent de l’ordinaire, et c’est extra.